Vers la maison de l’innovation et de l’entrepreneuriat

Par Emmanuel Frémiot

ALLOCUTION DU 18 NOVEMBRE 2009 POUR LE CONSEIL NATIONAL DES ECONOMIES REGIONALES

Nous sommes, en effet, confrontés à une situation, où la visibilité du territoire de la Plaine Saint Denis est contrastée par rapport à son potentiel technologique et scientifique. Face à ce contexte, l’agglomération de Plaine Commune associée à l’Etablissement Public d’Aménagement Plaine de France et à l’Université Paris XIII a demandé au réseau Acter Conseil dont ABC Private Equity et Résolution Management Développement font partie  de travailler sur la pré-configuration d’une maison de l’innovation et de l’entrepreneuriat.

A ce jour, elle est toujours en réflexion. Quel est le schéma directeur de cette maison, c’est-à-dire de ce nouvel espace ? C’est un lieu d’échanges, un espace dédié, qui va de locaux individuels, notamment pour les jeunes chercheurs, jusqu’à des salles de conférence pour du transfert en termes de culture scientifique et technologique, pour de grands colloques et manifestations, pour partager des connaissances et aussi de ressources scientifiques et technologiques etc. Toujours en cours de discussion les fonctions de cet M.I.E peuvent se résumer ainsi :  Organiser des rencontres et échanges ; Appuyer et conseiller des projets en émergence ; Monter des projets de recherche appliquée et des contrats répondant aux besoins des entreprises et Animer un pôle d’innovation et de création d’entreprise avec un incubateur et en lieu avec une pépinière technologique

L’association de trois sphères

Par rapport à la matinée d’aujourd’hui, je voudrais vous expliquer comment nous en sommes arrivés là. Vous pourriez me dire que c’est une maison, que c’est donc simple à faire. Or, le problème, c’est que finalement, c’est très compliqué. Pourquoi ? Vous allez vite comprendre que nous associons trois sphères :

• une sphère académique et scientifique, avec sa propre logique, ses propres intérêts ;
• une sphère industrielle, avec encore une fois sa propre logique et ses propres intérêts ;
• et une sphère politique, avec sa propre logique et ses propres intérêts.

Trois types de fonctions

Pour essayer de réunir ces trois acteurs dans ce nouveau modèle d’innovation communément appelé de Triple Hélice, notre rôle en tant que « knowledge brokers », est d’organiser les échanges comme le transfert de la connaissance, mais surtout d’initier la production de nouvelles compétences, leur consommation, puis leur diffusion. Situé aux interstices de ces trois sphères, nos apports pour ce type de mission ont été :

• de traduire les enjeux et les intérêts de chacun (fonction de traduction), c’est-à-dire de quoi parle-t-on ? Quand vous êtes en face de ces différents acteurs, il faut  automatiquement définir un lexique commun, c’est-à-dire un langage commun. L’une des premières difficultés que nous avons rencontrées, c’est la signification que l’on donnait au titre de « chargé de valorisation ». Chargé de valorisation n’a pas le même sens dans le domaine scientifique et dans le domaine industriel. C’est donc déjà un point très important.

d’apporteurs de méthodes par rapport au contexte et aux ambitions des commanditaires. Méthodes en termes d’expertise, en termes de stratégie et de management de projets. Vous pourriez très bien me dire qu’un cabinet est capable de faire tout cela. Or, encore une fois, notre rôle en tant que « knowledge brokers » demande de hautes qualifications. Les cabinets, notamment, les institutions publiques ne disposent pas automatiquement et de loin ces hautes qualifications. Car pour répondre aux ambitions des commanditaires, il nous est indispensable de détenir des connaissances et compétences très pointues dans les domaines scientifiques, économique et politique. C’est la raison pour laquelle notre intervention s’est réalisée au travers une syndication de cabinets de conseil (Réseau Acter Conseil) susceptible de répondre à ces trois problématiques.

En quoi consiste le rôle d’apporteur de méthodes ? C’est avant tout redéfinir notamment les objectifs par rapport aux contraintes : en termes de visibilité, de communication et de faisabilité, c’est-à-dire faisabilité technique, faisabilité immobilière, faisabilité économique, faisabilité financière, faisabilité organisationnelle. Pourquoi ? Car associer ces trois types d’acteur dans une même organisation, n’est pas évident. Il faut collectivement définir un schéma directeur sans léser les intérêts et les objectifs de chacun.

• Et puis, enfin, un rôle d’animateur. Nous avons surtout joué un rôle d’animation, dans le but d’essayer de construire progressivement un réseau de partenaires de cette maison de l’innovation. Ceci est capital puisqu’il s’agissait, en fait, de créer, de dynamiser et d’accélérer les liens entre des hommes, donc des compétences spécifiques localisées sur le territoire avec  des moyens (PFT, SAIC, pépinières, etc.) dispersés, tout en tentant d’y associer les logiques culturelles. C’est un lourd travail puisque l’objectif final de ce rôle est que les acteurs de ce territoire s’approprient ce nouvel outil. De ce point de vue, nous pouvons dire que la M.I.E est un modèle original, une structure originale, spécifique et propre aux conditions particulières de la Seine-Saint-Denis.